Au delà du fait que la question du normal et du pathologique se pose chez tout le monde, c’est aussi une question qui est extrêmement difficile et peine à faire consensus chez les professionnels.
Pour certaines personnes, ne pas faire comme tout le monde n’est pas normal, pour d’autres, tout est toujours normal, nous sommes « libres » de faire « ce qui nous plait »… Permettez-moi d’en douter.
Même si de (très) nombreux professionnels de la santé psychique estiment que du moment que l’on a au moins x symptômes depuis tant de temps alors nous sommes face à de la pathologie (Classifications des maladies mentales type DSM ou CIM), il s’avère que dans la réalité clinique les choses sont bien plus complexes.
Il faut prendre en compte la question de la souffrance psychique ET de la réalité psychique. Ça c’est sur le plan de l’individu qui peut manifester de la souffrance en étant hors des cadres rigides des classifications. Il en est de même pour le caractère social de la souffrance : un individu peut tout à fait faire souffrir son entourage (proche ou non) sans que lui ne se sente le moins du monde en difficulté.
On comprend donc aisément que ce concept de normal et pathologique est une vraie question épineuse pour tout professionnel, clinicien ou non. Subjectivité et objectivité mènent à différentes prises de position ; individuel et collectif de même. Le cadre juridique pour sa part est loin d’avoir pour fonction qu’un fonctionnement déviant de la loi soit qualifié de pathologique.
Il existe plusieurs façon de constituer une norme et les limites du pathologique :
- La normalité statistique
- La normalité idéale et sociale
- La normalité fonctionnelle
- La normalité par absence de maladie (mais où commence la maladie ?!?!)
- La normalité par équilibre (individuel, groupal, familial,… ?)
- …
Autant de recherches de normes que j’aborde plus spécifiquement dans cette vidéo en m’appuyant cette fois-ci sur l’excellent film de Milos Foreman « Vol au dessus d’un nid de coucous«
Nous ne pouvons pas parler de normal et de pathologique sans par le de Georges Canguilhem et son ouvrage, le bien intitulé « Le normal et le pathologique« . Dans cet ouvrage il amène le terme de normativité qui considère que « l’individu sain est capable de tomber malade et de se rétablir, il est capable de changer et s’adapter aux différentes situations ». Cela est très intéressant car on comprend que la norme est un état périodique dans lequel nous pouvons nous trouver de même que le pathologique qui peut être un état transitoire entre deux moments de norme.
Ce concept est aussi celui qui prend le plus en compte la personne… Du coup, c’est largement mon préféré 🙂
Jérémie Gallen, psychologue et psychothérapeute en ligne
Sources :