J’insiste d’ores et déjà sur le « thérapeutique » dans le titre de cet article puisque cela n’a strictement rien à voir avec l’hypnose de spectacle à la Mesmer… donc non, un thérapeute certifié ne vous fera jamais faire la poule pour vous ridiculiser en public.
Dans cet écrit, nous allons tout d’abord définir ce qu’est l’hypnose, sur quoi elle se base et quelques standards de la pratique, comment elle est revenue au goût du jour et surtout, la question importante à se poser, est-ce que ça fonctionne ?!?!
En seconde partie, comme toujours, nous allons illustrer ce qui a été dit dans la première partie à l’aide d’une vidéo et du film « Get Out« , film que je vous conseille de voir car il est sympa comme tout, bien que absolument faux en de nombreux points pour ce qui concerne la pratique thérapeutique réelle et contemporaine.
C’est quoi l’hypnose ?
L’hypnose est un état de conscience modifiée. C’est la définition la plus simple et certainement la plus répandue de l’hypnose. Malheureusement quand on a dit ça, on a rien dit… L’hypnose véhicule encore tout un tas de mythes et contre-vérités. Cela est aussi bien dû au cinéma comme nous le verrons par exemple en seconde partie, qu’à l’hypnose de cabaret qui s’appuie directement sur ce côté « magique » dont les thérapeutes veulent se démarquer mais à la fois qui fascine davantage le public.
L’hypnose thérapeutique est donc une méthode qui s’appuie notamment sur la modification de l’état de conscience d’une personne pour obtenir d’elle des processus imaginaire augmentés et des défenses psychiques en baisse pour parvenir à la résolution de problèmes spécifiques physiologiques et/ou psychologiques. L’hypnose sera utilisée selon différentes méthodes par le professionnel dans le but d’accompagner son patient vers un but précis qui aura été spécifié en commun par le soignant et le patient.
Enfin il me semble important de signaler deux choses fondamentales à propos de l’hypnose et la transe hypnotique :
– Tout être humain a déjà expérimenté un état d’hypnose, ça nous arrive vraiment très fréquemment. L’exemple le plus courant mais à la fois le plus parlant c’est quand on fait un trajet habituel en voiture et qu’à la fin on éteint le moteur en se demandant comment on était arrivé jusque là. Autre exemple, lorsque vous lisez un livre et qu’arrivé à la fin de la page vous vous rendez compte que vous lisiez mais pensiez à complètement autre chose…
– La deuxième chose importante c’est que nous sommes tous hypnotisables. Les personnes qui disent ne pas être hypnotisables sont en général des personnes qui n’ont jamais rencontré un hypnothérapeute qui, lui, va sélectionner et confectionner des inductions spécifiques et adaptées au sujet. Donc tout le monde peut être hypnotisé du moment que l’on adapte le temps et la méthode d’induction.
Est-ce que ça fonctionne ?
L’évaluation de l’hypnose en médecine soulève de nombreuses questions. Mais force est de constater que de plus en plus d’études sont engagées dans ce domaine, y compris en France, et que les résultats sont, suivant les domaines de recherche, très significatifs.
Je dis selon les domaines de recherche parce que sur le plan psychothérapeutique, il y a beaucoup d’écart selon les études pour rendre compte de l’efficacité de l’hypnose pour ce qui à trait à la psychopathologie.
En revanche, sur des domaines comme l’analgésie, la perte de poids, la réduction du stress, l’immunologie, (oui oui aussi étonnant que ça puisse paraitre je vous encourage à aller voir les sources en fin d’article) les données actuelles sont significatives quant à l’efficacité de l’hypnose.
Pour quelle utilisation ?
Il y a aujourd’hui 3 grands domaines d’utilisation de l’hypnose :
- L’hypnosédation (utilisée principalement en anesthésie),
- L’hypnoanalgésie (contre la douleur) et
- L’hypnothérapie (à visée psychothérapeutique)
Suivant la formation initiale du professionnel et l’objectif recherché, il va utiliser différentes structures de séance et différentes méthodes d’inductions et de suggestions.
Les séances d’hypnoses contemporaines vont donc beaucoup s’adapter au patient et sont loin d’un discours plaqué d’un hypnotiseur tout puissant.
Mécanismes principaux de l’hypnose thérapeutique :
Grossièrement, lors d’une séance d’hypnose on va avoir une première phase dite d’induction hypnotique. Durant cette phase, le thérapeute va, par divers moyens, faire entrer la personne en transe hypnotique, le fameux « état de conscience modifié ». Que ce soit de façon très directive ou non, l’induction va faire appel à une anamnèse, c’est à dire l’histoire du patient, ainsi qu’à l’observation de tout un tas de canaux que l’on va relever comme spécifiques au patient en question. L’induction va donc sans cesse faire appel à ce que vie, ce que ressent et le rapport que l’individu à avec son environnement. C’est ce que l’on appelle la ratification, le « VAKOG » et autres termes que je ne vais pas aborder ici car ce n’est pas le but.
La deuxième phase importante sera la phase de suggestions.
Durant cette phase plus ou moins longue selon l’objectif de la séance, l’hypnothérapeute va, selon son référentiel, être encore une fois très directif (hypnose ericksonnienne par exemple) ou inviter davantage son patient à être actif de sa séance et ainsi faire de la communication hypnotique. Les deux méthodes fonctionnent mais vont devoir être privilégié selon la problématique et l’effet escompté. Malgré tout, plus la problématique va être complexe ou profonde, plus le thérapeute risque de choisir une communication hypnotique afin de rendre son patient le plus actif possible de son changement et de sa séance.
Une autre différence importante va être soit de focaliser l’attention sur un point très précis ou de justement tâcher de faire grandir l’état de conscience. Dans un cas le thérapeute oriente la concentration pour accéder, lui, à l’inconscient du sujet, dans l’autre cas, on est proche d’une pleine conscience qui permet au sujet d’avoir accès à une partie de son inconscient et ainsi augmenter ses capacités de résolution de problème.
Une fois les phases d’induction et de suggestions terminées, l’hypnothérapeute va ramener le sujet doucement et respectueusement à son état de conscience normal dans l’ici et maintenant.
Existe t-il des risques ou des effets secondaires ?
– Aux vues des données de la littérature, il n’a pas été rapporté d’effet secondaire grave de l’hypnose. Cela ne permet pas d’exclure leur existence, mais permet de dire que si de tels effets existent leur fréquence est relativement rare comme des céphalées, de la somnolence, des vertiges, de l’anxiété, et la création de faux souvenirs.
Le risque semble plutôt exister au niveau éthico-juridique (avec notamment le risque de manipulation psychologique et de création de faux souvenirs), et des chartes éthiques sont souvent proposées par les associations de professionnels, afin de garantir et de veiller à l’intérêt et au bien-être du patient.
Comme vous l’aurez compris, le problème ne vient pas tant de la méthode que du professionnel, de sa compétence et de son éthique.
Donc faites attention à la formation de votre hypnothérapeute car ce titre n’est actuellement pas protégé en France et n’importe qui peut s’auto-proclamer hypnothérapeute en ayant peu ou pas de formation de psychopathologie et ainsi faire dans le meilleur des cas, rien du tout, dans le pire, il peut aggraver un trouble.
Etude de cas
À présent, faisons un rapide tour d’horizon de ce que l’hypnose n’est pas en nous appuyant sur le film « Get Out » ou Chris se fait soit disant hypnotiser…
Comme vous avez pu le voir, ce scénario outrepasse les règles les plus fondamentales de la pratique hypnotique et nous sommes clairement dans une fiction où la magie et la manipulation se substituent à une hypnose véritable.
Donc si vous avez peur de l’hypnose, rassurez vous sur le fait que rien ne peut vous être fait de force et que vous restez toujours maître de votre pensé et de votre libre arbitre.
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Jérémie Gallen
Psychologue clinicien et psychothérapeute en ligne
sur www.survotredivan.fr
Sources et ressources :
– O.Lockert, Hypnose – Evolution humaine – Qualité de vie – Santé (2013) – IFHE Editions : https://amzn.to/3hfepod
– L. Chertok, Mémoires : Les résistances d’un psy (2006) – Odile Jacob : https://amzn.to/2ZzDwMe
– A. Andre : Hypnose: Comment apprendre l’hypnose et l’autohypnose étape par étape(2020) – (livre extrêmement court mais précis !) Amazon édition : https://amzn.to/39da8Pi
– C. Hammond, Métaphores et suggestions hypnotiques (2009) – Le Germe : https://amzn.to/3jcDjX4
– https://www.inserm.fr/sites/default/files/2017-11/Inserm_RapportThematique_EvaluationEfficaciteHypnose_2015.pdf
– https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0987705313001974
– https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/10253890290027877 comme méditation et pleine conscience.
– Hypnosis as an adjunct to cognitive-behavioral psychotherapy: A meta-analysis. By Kirsch, Irving,Montgomery, Guy,Sapirstein, Guy. Journal of Consulting and Clinical Psychology, Vol 63(2), Apr 1995, 214-220 – E. Lang et al., « Adjunctive non pharmacological analgesia for invasive medical procedures: A randomised trial », The Lancet, vol. CCCLV, 29 avril 2000.
– M.-C. Gay, P. Philippot et O. Luminet, « Differential effectiveness of psychological interventions for reducing osteoarthritis pain: A comparison of Erickson hypnosis and Jacobson relaxation », European Journal of Pain, 2002.
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– P. Rainville, G.H. Duncan, D.D. Price, B. Carrier et M.C. Bushnell, « Pain affect encoded in human anterior cingulate but not somatosensory cortex », Science, vol. CCLXXVII, n° 5328, 15 août 1997.
– S. Derbyshire, M.G. Whalley, V.A. Stenger et D.A. Oakley, « Cerebral activation during hypnotically induced and imagined pain », NeuroImage, vol. XXIII, n° 1, septembre 2004.